Quelque 300 personnes de l’administration et des milieux politique, économique et scientifique ont participé à la dixième Journée de l’eau du canton de Berne, qui s’est tenue le mardi 30 août 2022 au stade du Wankdorf, à Berne. Sur fond de changement climatique, la manifestation était consacrée cette année à deux phénomènes extrêmes, à savoir la sécheresse et les précipitations intenses. D’après les scénarios climatiques de la Confédération, des étés plus secs, des jours de canicule plus nombreux, des précipitations plus importantes et des hivers moins enneigés seront les conséquences possibles pour la Suisse du changement climatique qui se poursuit. Depuis 1864, la température moyenne à l’échelle nationale ainsi que dans le canton de Berne a déjà augmenté de 2 °C.
Le canton de Berne fortement touché par le changement climatique
Christoph Neuhaus, conseiller d’État et directeur des travaux publics et des transports du canton de Berne, a ouvert la Journée de l’eau en mettant en lumière deux phénomènes extrêmes auxquels le canton de Berne est actuellement confronté : l’assèchement de l’Emme en plusieurs endroits au début de l’été 2022, particulièrement sec et chaud, suivi presque immédiatement par une vague de crues près de sa source après de fortes précipitations. Cet exemple témoigne de l’importance de s’adapter efficacement à ces conditions météorologiques extrêmes et de s’engager activement en faveur de la protection du climat. Le canton de Berne est en train de planifier ou a déjà mis en œuvre divers projets et mesures élaborés à cette fin.
Le canton de Berne aspire à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Pour parvenir à cet objectif, il poursuit une double stratégie : il prend non seulement des mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à endiguer le changement climatique, mais il cherche aussi à s’adapter à ses conséquences. En tant que canton agricole et montagneux, il est fortement touché par le changement climatique.
Alimentation en eau : recherche de solutions et exploration de nouvelles pistes
Étés plus secs, hivers plus humides et plus doux, phénomènes extrêmes tels que les vagues de chaleur et les crues : les défis ne manquent pas dans le domaine de l’alimentation en eau. Alors même que les ressources en eau disponibles s’amenuisent ou deviennent inutilisables en raison de la pollution, les besoins en eau ne cessent d’augmenter. Les ressources en eau tributaires de précipitations régulières, en particulier les sources, en subissent déjà les conséquences. La Journée de l’eau a permis d’examiner ces défis, notamment en se penchant sur l’exemple de la gestion de l’eau dans la commune de Sigriswil. Outre le recul du débit des sources, on observe une hausse constante des températures de l’eau à la source. La hausse de la température du sol vient encore aggraver le problème de la température dans les conduites d’eau. Le service des eaux de la commune de Sigriswil a pris des mesures pour faire face aux conséquences de ces effets climatiques : investissements pour remplacer les installations existantes, agrandissement ciblé des installations d’alimentation en eau et projets concernant l’exploitation de nouvelles prises d’eau. L’Office des eaux et des déchets du canton de Berne soutient les services des eaux dans ces démarches. Il est en effet crucial de sécuriser les principaux captages d’eau pour garantir et pérenniser une alimentation en eau stable et sûre.
Agriculture : un réseau de sondes de sol pour une irrigation optimale
Dans l’agriculture, la hausse des températures et de l’évaporation durant l’été fait croître les besoins en eau pour l’irrigation des cultures. À l’avenir, une importance croissante sera accordée à l’optimisation du recours à l’eau pour la culture des champs et la culture maraîchère, autrement dit l’irrigation ciblée en fonction des besoins des plantes. Lors de la Journée de l’eau, la Haute école spécialisée bernoise des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL) a présenté le réseau national de sondes de sol qu’elle a mis en place. Les données sont transmises via un réseau mobile et sont disponibles sur le site www.reseaudirrigation.ch. Elles permettent aux agricultrices et agriculteurs d’irriguer leurs cultures de manière ciblée et livrent des informations sur les relations entre les caractéristiques du sol, les techniques culturales et l’utilisation de l’eau. Les conclusions tirées de l’analyse de ces données fournissent notamment une base de planification solide pour le développement de l’infrastructure d’irrigation.
Évacuation des eaux urbaines : davantage d’espaces verts et de plans d’eau dans les villes
L’évacuation des eaux des centres urbains et des zones d’habitation a également été mise en avant lors de la Journée de l’eau. Le défi à relever est de taille : évacuer les eaux de pluie des villes et des zones d’habitation lors de fortes précipitations et veiller à ce que la végétation dispose de suffisamment d’eau pendant les périodes de sécheresse et de forte chaleur pour rafraîchir les centres urbains. Une urbanisation adaptée au climat permet de renforcer la résilience des centres urbains contre les effets du changement climatique tout en les revalorisant. La reperméabilisation des surfaces et l’aménagement des espaces extérieurs avec davantage d’espaces verts et de plans d’eau contribuent à lutter contre l’effet « îlot de chaleur urbain » et empêchent que d’importants volumes d’eau ne ruissellent sur le sol.
Protection contre les crues : priorité à l’aménagement du territoire
Malgré les vagues de chaleur et la sécheresse, le canton de Berne doit se préparer à des crues toujours plus importantes et plus fréquentes. Il devra planifier et mettre en œuvre des mesures de protection contre les crues sans savoir exactement à quels phénomènes climatiques il sera confronté à l’avenir. L’aménagement du territoire joue un rôle crucial dans la gestion intégrée des risques et dans la législation. Il doit permettre de veiller à ce que le risque de dommages n’augmente pas à l’avenir, même dans un contexte de densification du milieu urbain. Les communes sont fortement sollicitées : les mesures organisationnelles deviennent plus complexes et de plus en plus vitales. Pour éviter des conséquences catastrophiques, il est essentiel de définir les objectifs et les scénarios des projets de protection en se fondant sur des analyses des risques ainsi que d’élaborer des concepts de protection fiables et adaptables comprenant des corridors d’évacuation.