D’ici à 2030, les transports publics et la circulation routière risquent d’augmenter respectivement de 25 et 55%. Pour faire face à cette croissance, les infrastructures doivent être constamment adaptées. Les coûts explosent, alors que les pouvoirs publics disposent de moins en moins de moyens. Une grande partie des déplacements se concentrent aux heures de pointe du matin et du soir ; or, il s’agirait de parvenir à mieux répartir les flux durant la journée. Un lissage des pics permettrait également d’améliorer l’utilisation des infrastructures coûteuses, a constaté la conseillère d’Etat Barbara Egger-Jenzer lors de la Journée des transports de cette année.
Gymnasiens bernois sondés
Les étudiants constituent une part importante du trafic de pendulaires. Sur plus de 900 élèves de trois gymnases bernois ayant participé à un sondage ce printemps, 80% ont exprimé leur préférence pour le maintien de l’horaire actuel, qui fixe le début des cours à 08h00. Mais plus de 60% d’entre eux se montrent favorables à des aménagements modérés, tels un report du début des cours deux jours par semaine. Le scepticisme à l’égard du début quotidien des cours à 09h00 s’explique par la crainte d’un impact négatif sur la pratique des activités extrascolaires et la vie de famille.
Le sondage a aussi montré que les gymnasiens sont très friands de transports publics, qu’ils sont sept sur dix à emprunter pour rejoindre leur école. Des adaptations de l’horaire scolaire auraient donc des effets sensibles sur l’affluence dans les bus, les trams ou les trains. La Direction des travaux publics, des transports et de l’énergie entend examiner de légères adaptations de l’horaire et d’autres mesures en faveur de la mobilité douce, de conserve avec la Direction de l’instruction publique et les recteurs des gymnases.
Nouveaux modèles de travail à la rescousse
De nouveaux modèles de travail sont également à même d’atténuer l’engorgement des infrastructures de transport. Combinés à un report du début des cours, ils pourraient réduire les pics du matin de près de 24%. Le potentiel d’amélioration en fin de journée est estimé à près de 10%, selon une étude commandée par les CFF, le canton, La Poste et Swisscom. En termes financiers, les investissements pourraient être réduits de près de 20 millions de francs par an. Les gains seraient aussi notables en matière de ponctualité et de confort pour les voyageurs.
Le directeur général des CFF Andreas Meyer a présenté les modèles de travail flexibles et de télétravail pratiquées au sein de son entreprise dans le cadre de l’initiative « Work smart ». Outre les CFF, une quarantaine d’entreprises et d’institutions d’envergure, dont le canton de Berne, ont signé la charte ad hoc. Les signataires s’engagent à offrir des conditions permettant à leurs employés de gérer leur travail de manière autonome.
Le professeur Vincent Kaufmann, directeur du Laboratoire de sociologie urbaine de l’EPFL, a montré les effets de nouveaux rythmes de vie et des nouvelles mobilités sur la société. Pour corriger les pics dans les flux de trafic, il faut agir sur plusieurs mécanismes à la fois, a fait valoir Mathias Mohaupt, responsable de la planification des transports de la ville de Dresde. Le but premier demeure néanmoins le transfert vers les transports publics et les déplacements à pied et à vélo. Quant à Esther Arnet, directrice du service des transports de la ville de Zurich, elle a présenté des moyens intelligents de gérer le trafic motorisé individuel. Le directeur des transports régionaux Berne-Soleure, Fabian Schmid, a pour sa part exposé des solutions pragmatiques en vue de faire face aux pics dans les transports publics.