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OPCupdate - Décembre 2023

  • Lettre d'information de décembre 2023

La décarbonation dans la construction: utopie ou réalité?

Photo: Alexander Egger, Berne

La construction et l’entretien d’infrastructures routières génèrent d’importantes émissions de CO2 au niveau mondial et contribuent au réchauffement global. La décarbonation et le passage à une économie pauvre en carbone sont donc d’actualité dans cette branche. Comment l’OPC du canton de Berne soutient-il cette évolution? Petite enquête sur la situation.

Le béton et l’asphalte sont les matériaux utilisés par l’OPC qui génèrent le plus d’émissions de dioxyde de carbone, principalement au niveau de leur fabrication. Il s’agit de matériaux et d’additifs utilisés dans la construction de routes, de murs de soutènement, de tunnels, de ponts et de digues. Une partie de ces composants pourrait-elle être remplacée par des matériaux plus écologiques, le bois par exemple? C’est tout à fait possible, notamment dans le secteur de l’aménagement des eaux. Des structures en bois sont de plus en plus souvent utilisées pour aménager les berges (voir l’article «Des rives réaménagées et optimisées»)

Des structures en bois pour réaménager les berges de l’Aar sur le tronçon Löchligut-Worblaufen.

Pour la construction de routes, c’est un peu plus compliqué. En effet, les infrastructures routières sont soumises à des impératifs sévères en matière de capacité portante et de résistance. Pour les ponts situés sur les routes cantonales, il n’existe aucune alternative au béton armé, ces ouvrages devant supporter une forte charge de trafic et résister aux sels de déverglaçage. Il en va de même pour la majorité des murs de soutènement. Les ponts pour le trafic piétonnier et cycliste en revanche se prêtent davantage à l’utilisation du bois. L’OPC souhaite mieux exploiter le potentiel de ce matériau naturel à l’avenir. Le béton et l’asphalte resteront toutefois indispensables pour la construction d’infrastructures.

Une mesure importante qui contribue à un meilleur bilan carbone dans le domaine de la construction est l’utilisation de matériaux recyclés. Elle permet de limiter la consommation de ressources minérales primaires telles que le gravier et de réduire la part des nouveaux bitumes, essentiels dans la fabrication des revêtements routiers. L’OPC autorise depuis de nombreuses années l’utilisation de matériaux recyclés pour les revêtements bitumeux, à des proportions dépassant parfois même les normes établies, et ce avec des résultats très positifs. L’OPC utilise autant que possible des matériaux recyclés pour les couches de fondation des routes cantonales. Pour les projets de construction des routes générant d’importantes quantités de matériaux d’excavation, des concepts de gestion durable des matériaux prévoient que les déblais puissent être réutilisés sur place dans la mesure du possible. Cela permet de limiter les distances de transport et donc de réduire les émissions de CO2. Le chantier du contournement de Wilderswil en est un bon exemple (voir ci-après).

Route de contournement de Wilderswil: la construction d’une route requiert de grandes quantités d’asphalte, de béton et d’armatures en acier. (Photo: vistadoc)

Il est donc tout à fait possible de limiter les émissions de CO2 dans la construction de routes. L’industrie du béton et de l’asphalte a un rôle clé à jouer pour promouvoir les techniques de fabrication à faible empreinte carbone. Les matériaux de construction recyclés ont en effet le vent en poupe à l’échelle mondiale. Les lois sur le climat ajoutent à cette pression et aboutiront à des normes plus strictes. L’OPC observe cette évolution avec intérêt et soutient volontiers les projets pilotes dans ce domaine.

Une question se pose toutefois: la neutralité carbone dans le secteur de la construction est-elle possible ou d’autres mesures seront-elles nécessaires (achats de certificats p. ex.) pour atteindre à long terme les objectifs climatiques? Difficile de répondre à cette question à l’heure actuelle.

Le béton est le matériau de construction dont la fabrication génère le plus d’émissions de CO₂. (Photo: Alexander Egger, Berne)

Où l’OPC peut-il encore économiser du CO2?

Comparée aux émissions de CO2 générées par la fabrication de béton ou d’asphalte, l’empreinte carbone des activités de l’Office des ponts et chaussées est relativement faible. L’OPC ne se repose pas pour autant sur ses lauriers, bien au contraire!

Parc de véhicules
L’électrification des véhicules allant jusqu’à 3,5 t (voitures individuelles et utilitaires) de la flotte de l’OPC est en bonne voie. Pour les véhicules plus lourds tels que les camions ou les balayeuses nécessaires à l’entretien des routes, les fabricants proposant des modèles efficaces sont encore rares. L’autonomie de ces véhicules n’est pas assez élevée pour garantir une utilisation efficace sur le vaste réseau de routes cantonales. De plus, les camions électriques sont beaucoup plus onéreux que les modèles conventionnels. Mais la technologie évolue rapidement et l’OPC collabore étroitement avec les fournisseurs pour définir les exigences posées aux véhicules spéciaux à empreinte carbone minimale.

Infrastructure de recharge
L’utilisation accrue de véhicules électriques pour l’entretien des routes va de pair avec la mise en place d’infrastructures de recharge sur les sites d’exploitation. Le canton accélère le développement du réseau de stations de recharge sur ses sites administratifs et a lancé récemment un appel d’offres allant dans ce sens. L’utilisation de véhicules électriques dans l’entretien des routes nécessite aussi de redéfinir les processus de travail en tenant compte des pauses nécessaires au temps de recharge. Contrairement au réseau urbain, le réseau des routes cantonales, vaste et très ramifié, requiert des véhicules à autonomie élevée.

L’hydrogène comme alternative?
La technologie à hydrogène semble être une alternative valable pour les véhicules lourds. Les véhicules à hydrogène peuvent être rechargés rapidement, disposent d’une autonomie élevée et affichent de bonnes performances. Bruno Kropf, responsable de la division RN Exploitation (unité territoriale 1), estime que ce type de motorisation complète idéalement le parc de véhicules cantonal. «Dans la région de Berne, nous disposons de deux stations de remplissage: Bethlehem et l’aire d’autoroute du Grauholz.» Le seul inconvénient est la disponibilité encore faible de ce carburant. Le choix des modèles de camions à hydrogène répondant aux exigences en matière d’entretien des routes est encore très limité. L’offre en voitures individuelles est en revanche plus variée; deux voitures de série Toyota et Hyundai font partie de la flotte et sont utilisées au quotidien.

Une balayeuse électrique en action sur l’A8 au Brünig.

La décarbonation «tous azimuts»

La décarbonation englobe l’ensemble des mesures qui conduisent à une économie durable et respectueuse des ressources. L’Office des ponts et chaussées poursuit cet objectif dans d’autres domaines. Il souhaite notamment exploiter le potentiel de ses infrastructures pour produire de l’électricité solaire. Les toitures de plusieurs centres d’entretien sont déjà équipées de panneaux photovoltaïques, et d’autres installations de ce type sont en cours de réalisation.

L’installation photovoltaïque sur le toit du centre autoroutier de Berne. (Photo: Lea Massara)

L’OPC propose aussi à des investisseurs des surfaces sur ses infrastructures (p. ex. ponts, murs de soutènement, mais aussi places de stationnement sur aires d’autoroute) qui se prêtent à l’exploitation du photovoltaïque.

Un autre exemple est le rééquipement systématique des anciens lampadaires de l’espace routier, très énergivores, avec des lampes LED associées à des systèmes de commande intelligents. Cette technologie permet de régler l’éclairage public sur les routes cantonales en fonction des besoins des usagères et des usagers. L’OPC économise ainsi chaque année des milliers de kilowattheures tout en contribuant à la réduction de la pollution lumineuse.

L’OPC participe aussi à une mobilité à faible impact carbone dans le cadre de la Stratégie de mobilité globale du canton. Il prévoit d’investir dans les prochaines années entre 15 et 20 millions de francs par an pour améliorer les infrastructures cyclables et soutenir les communes en subventionnant des projets dans ce domaine ou des installations de mobilité combinée (park-and-ride et bike-and-ride).

En investissant dans des infrastructures cyclables, l’OPC contribue à la promotion de la mobilité douce.

Un bon bilan carbone passe aussi par le télétravail. Les collaboratrices et collaborateurs du canton peuvent ainsi effectuer une partie de leur travail depuis leur domicile. Sur la plateforme BEmobil, le canton en tant qu’employeur fournit de nombreuses informations et conseils sur le thème de la mobilité sous ses divers aspects (trajets domicile-travail, déplacements de service et travail mobile):

Dialogue: «Réduire ensemble l’impact carbone»

La décarbonation est un thème qui n’intéresse pas seulement l’OPC, mais l’ensemble de l’administration cantonale. Ulrich Nyffenegger, qui dirige l’Office de l’environnement et de l’énergie (OEE), représente pour ainsi dire la «conscience écologique» du canton. Il fait un petit bilan de la situation avec Stefan Studer, ingénieur cantonal.

Monsieur Nyffenegger, où en est l’administration cantonale aujourd’hui en matière de décarbonation?

U. Nyffenegger: En ce qui concerne les objectifs et les bases, le canton de Berne est bien positionné, et ce au niveau de toutes les Directions et dans tous les domaines. Nous disposons d’un article constitutionnel, d’une loi sur l’énergie très moderne et d’une stratégie énergétique avec des objectifs clairs. De nombreuses dispositions visent ainsi une réduction des émissions de CO2, p. ex. au niveau des achats, des véhicules ou de la construction de nouveaux bâtiments.

 

Qu’en est-il concrètement?

U. Nyffenegger: Les exemples concrets ne manquent pas: je pense aux bâtiments à énergie positive, aux nouvelles constructions que le canton a réalisées selon le standard Minergie-P avec le complément ECO, mais aussi aux installations photovoltaïques et aux stations de recharge pour les véhicules électriques que nous utilisons. Il existe encore un potentiel de développement dans certains domaines. Les objectifs sont clairs et déjà atteints dans de nombreux domaines, mais il y a encore de quoi faire.

 

Quels sont les points problématiques?

U. Nyffenegger: Le canton possède de nombreux bâtiments anciens. Les rendre tous conformes aux critères énergétiques et écologiques du jour au lendemain n’est ni possible ni judicieux. En effet, rénover des façades ou des toits de construction récente, remplacer des systèmes de chauffages opérationnels serait contraire au bon sens. Plus le cycle de vie d’une infrastructure est long, et plus la mise en œuvre de mesures d’assainissement sera longue elle aussi. C’est pour cela que les choses avancent plus vite dans le domaine de la mobilité que dans celui de la rénovation des bâtiments.

 

Selon vous, quels domaines sont les principaux «leviers» de décarbonation?

U. Nyffenegger: La Direction des travaux publics et des transports n’est pas la seule à pouvoir contribuer au processus de décarbonation, toutes les Directions cantonales ont cette possibilité. Je pense à l’Office des forêts et des dangers naturels par exemple: la forêt est en même temps puits de carbone et importante réserve d’une matière première renouvelable. La Direction de la santé, des affaires sociales et de l’intégration a une influence sur l’exploitation des hôpitaux ; les services de police, sur la consommation de carburants de leurs véhicules. Sans oublier l’aménagement du territoire ainsi que l’Office de l’économie, qui propose des programmes d’encouragement aux entreprises en matière de durabilité et d’économie circulaire. Le thème de l’économie circulaire, abordé timidement il y a peu de temps encore, ne cesse de gagner en importance.

S. Studer: Il s’agit de savoir où nous avons une influence directe sur les émissions de CO2 et où cette influence est uniquement indirecte. Chez nous, à l’Office des ponts et chaussées, nous pouvons agir directement avec des projets durables qui tiennent compte des différentes stratégies, comme la Stratégie de mobilité globale, en utilisant autant que possible des matériaux durables, notamment des matériaux de construction recyclés. Nous agissons directement en remplaçant nos véhicules par des modèles électriques. En ce qui concerne nos activités générant le plus d’émissions de CO2, comme la fabrication de béton et d’asphalte, nous sommes en revanche tributaires des progrès de l’industrie pour réduire notre empreinte carbone.

 

L’objectif «de zéro net» est-il réaliste pour l’OPC?

U. Nyffenegger: Je formulerais cela différemment: sans la participation active de l’OPC, l’objectif de zéro émission nette de gaz à effet de serre ne sera pas atteignable pour l’administration cantonale. L’OPC est un partenaire essentiel. Il crée pour ainsi dire les bases d’un système de transports durable en aménageant l’espace routier en faveur du trafic cycliste et piétonnier; il veille à construire des voies cyclables sûres et à prévoir les arrêts des transports publics à des emplacements adéquats, par exemple à proximité des nouveaux établissements scolaires. Pour nous permettre d’atteindre l’objectif d’un impact carbone minimal, l’OPC dispose d’un levier d’action conséquent, à savoir celui de la mobilité.

S. Studer: Nous pouvons en effet contribuer à une mobilité à faible impact carbone. Le canton prévoit d’investir dans les prochaines années entre 15 et 20 millions de francs par an pour améliorer les infrastructures cyclables et pour soutenir les communes en subventionnant des projets dans ce domaine ou des installations de mobilité combinée. Nos infrastructures incitent ainsi à promouvoir une mobilité plus respectueuse du climat.

 

Quel soutien l’OEE peut-il apporter aux autres offices cantonaux?

U. Nyffenegger: Selon moi, notre mission consiste avant tout à intervenir au niveau de la législation pour que l’administration ait la possibilité d’évoluer vers la neutralité climatique. Un exemple: nous avons, avec l’Office des immeubles et des constructions, fait en sorte que l’obligation d’appliquer le standard Minergie-P-ECO aux nouveaux bâtiments soit inscrite dans la loi. Un processus analogue est en cours concernant l’énergie solaire. Nous nous engageons pour ancrer les exigences écologiques dans l’administration afin que le parlement et le gouvernement puissent ensuite octroyer les fonds nécessaires.

S. Studer: Étant donné que les mesures climatiques concernent toujours plusieurs Offices et Directions, l’OEE assure une importante fonction de coordination. C’est une bonne chose que l’OEE soit chargé de l’élaboration de la stratégie-cadre d’adaptation aux changements climatiques. La thématique de l’économie circulaire, commune elle aussi à plusieurs Offices et Directions, doit également être coordonnée.

 

Comment se passent les interactions entre les différents offices cantonaux?

U. Nyffenegger: Cela se passe de mieux en mieux. La Stratégie de mobilité globale est un excellent exemple de collaboration réussie entre différents Offices.

S. Studer: En effet, il a été possible de réunir tous les services spécialisés cantonaux concernés par le domaine de la mobilité, des transports et de l’aménagement du territoire et d’intégrer tous ces savoirs dans la stratégie. Nous avons parfois dû lutter pour trouver des solutions, mais cela n’a fait que renforcer l’esprit de collaboration entre les services.

 

Les thèmes environnementaux et climatiques vont rester au centre des préoccupations de l’administration cantonale. Quel est le prochain dossier?

U. Nyffenegger: Le changement climatique est malheureusement une réalité. La question se pose donc de savoir comment le canton peut se préparer à cette évolution et quelle va être sa stratégie d’adaptation. Cette stratégie sera à nouveau un travail interdirectionnel. L’OPC sera un partenaire majeur puisque la thématique concerne notamment les dangers naturels et la protection contre les crues.

S. Studer: L’OPC se penche depuis longtemps déjà sur les conséquences du changement climatique. Il s’agit d’événements (éboulements rocheux, chutes de pierres, laves torrentielles, crues, etc.) qui impactent aujourd’hui déjà nos infrastructures routières et nos ouvrages de protection contre les crues. Un autre thème d’actualité est la contribution de nos infrastructures à la réduction des ilots de chaleur; nous testons par exemple des revêtements routiers clairs et établissons des normes pour réduire la chaleur dans l’espace routier.

 

Quel rôle peuvent endosser les membres du personnel pour décarboner l’administration?

U. Nyffenegger: Au risque d’être un brin provocant, je dirais que pour que les politiques puissent prendre des décisions «intelligentes», ils ont besoin d’informations précises provenant de l’administration: quels sont les potentiels d’amélioration, quel est l’objectif et quel en est le coût? Les bonnes idées proviennent souvent de la base. Chacune des 11 000 personnes travaillant au canton peut faire bouger les choses dans son domaine et apporter des idées qui déploieront peut-être leurs effets plus tard au niveau politique.

S. Studer: Les petites mesures produisent de grands effets. Pour rendre visibles et encourager les idées innovantes et durables provenant du personnel, l’OPC a lancé l’année dernière l’InnoPrix. De nombreuses propositions d’amélioration ont déjà été réalisées.

 

Les conditions-cadres sont-elles suffisantes pour faire avancer la thématique climatique?

S. Studer: Les dispositions légales sont suffisantes à mes yeux. Il s’agit maintenant de mettre en œuvre les idées et les mesures préconisées. La protection du climat a un coût, c’est un fait, et les politiques doivent aussi en prendre conscience. Nous sommes tributaires de leur soutien, p. ex. en ce qui concerne l’électrification du parc de véhicules pour l’entretien des routes. À l’achat, ces véhicules sont encore beaucoup plus chers que les modèles conventionnels, mais au regard de leur cycle de vie, ils peuvent se révéler plus économiques à long terme.

U. Nyffenegger: Le premier entrant doit supporter des coûts plus élevés que les suivants, c’est bien connu. Mais j’attends des pouvoirs publics qu’ils remplissent leur fonction d’exemple et allouent des fonds à la protection du climat.

Des rives réaménagées et optimisées  

Entre le quartier du Löchligut et Worblaufen, l’OPC a réalisé au cours de l’hiver dernier des travaux d’aménagement des eaux visant à optimiser le paysage de l’Aar; un bel exemple de projet qui répond aussi bien aux impératifs de protection contre les crues qu’aux critères de revalorisation écologique.

Le tronçon de l’Aar entre Löchligut et Worblaufen est un espace de détente très apprécié situé au nord de la ville de Berne. Les chemins de rive sont en effet très fréquentés par les adeptes de la marche à pied et du jogging. L’été, la rivière invite à la baignade et accueille les bateaux pneumatiques, les canoés et les weidlings des pontonniers. Avec la révision du plan de protection des rives «Aareraum Worblaufen», le canton, la commune d’Ittigen et la ville de Berne ont créé les bases en matière d’aménagement pour revaloriser ce tronçon de l’Aar. La rive droite a été remodelée au plus proche de son état naturel afin de créer une surface écologique de qualité, tandis que les infrastructures de sports nautiques restent concentrées dans la zone où se trouvent déjà des bâtiments et des installations, à savoir à proximité immédiate du pont de Tiefenau.

En aval du pont de Tiefenau, la commune d’Ittigen a réalisé durant l’hiver 2021/2022 les mesures liées à la détente et au regroupement des activités nautiques. Le canton a quant à lui mis en œuvre durant l’hiver 2022/2023 un projet d’aménagement qui a remodelé les rives de l’Aar entre le quartier du Löchligut et Worblaufen: grâce aux travaux d’élagage effectués, la vue sur la rivière est plus dégagée. Les ouvrages de protection des rives défectueux ont été remplacés par des structures en bois, particulièrement écologiques. La berge a en outre été aplanie en deux endroits et deux étangs à amphibiens ont été aménagés.

Troncs d’arbres, branchages et amas de pierres

Les personnes qui se promènent le long de la rive droite de l’Aar récemment aménagée s’étonneront peut-être de voir des troncs d’arbres à demi immergés, des amas de branchages et des tas de pierres le long de la rivière. À quoi peuvent-ils bien servir? Il s’agit d’éléments structurels qui font partie du projet de renaturation. Ces éléments ne protègent pas seulement les rives de l’érosion, ils offrent aussi de précieux habitats à la faune et à la flore – aux poissons de la rivière, mais aussi aux oiseaux et aux petits animaux, insectes compris, qui vivent sur les berges. Les îlots de bois mort au milieu du cours d’eau remplissent la même fonction.

Les structures de protection des rives en bois, en direction du Löchligut.
Des îlots en bois mort offrent de précieux habitats pour les poissons.

Le bon équilibre entre biodiversité et sécurité

La réalisation de toutes ces mesures a abouti à un environnement mieux protégé contre l’érosion et qui apporte à la nature et aux humains une réelle plus-value. Des compromis ont été nécessaires, cela va sans dire. «Il s’agit de vivre en bonne intelligence avec l’Aar», explique Warin Bertschi, responsable du secteur Aménagement des eaux à l’AIC II. Selon lui, toutes les personnes qui «utilisent» la rivière doivent prendre conscience qu’un cours d’eau renaturé présente aussi des risques, que ce soit lors des baignades ou lors des descentes en bateau pneumatique. «Certains endroits doivent être franchis avec prudence, il faut veiller à ne pas rester coincé dans des branchages ou des structures en bois», dit Warin Bertschi. «La question de la sécurité a été très importante pour nous. Il s’agit de trouver le bon équilibre pour préserver la nature tout en tenant compte des besoins de la population.» Un jalon important a pu être atteint avec la réalisation de ce projet. «Bien sûr, nous observerons avec attention l’effet de ces mesures, en particulier dans les conditions d’écoulement estivales, et évaluerons leur pertinence en continu.»

L’Aar va continuer le travail

Le ballet des pelleteuses et autres machines est terminé et le vrai processus de renaturation va pouvoir commencer. Warin Bertschi: «C’est à la nature de prendre le relais et de modeler le nouveau paysage des rives à son propre rythme.» Il se dit très satisfait du déroulement des travaux: «Le niveau de l’eau étant très bas l’hiver dernier, nous avons pu avancer plus vite que prévu.» Le résultat aussi le convainc: «Au début, les berges réaménagées semblaient un peu nues, mais depuis l’été, la végétation s’est bien développée.» Les nombreuses personnes qui se promèneront entre le quartier du Löchligut et Worblaufen pourront ainsi observer les changements au fil des saisons.

Cette vidéo (en allemand) donne un aperçu des travaux réalisés entre le quartier du Löchligut et Worblaufen:

Un bâtiment pour les infrastructures  

Une autre étape du plan de revalorisation «Aareraum Worblaufen» est en cours depuis mars 2023: la commune d’Ittigen construit pour le printemps 2024 un nouveau bâtiment d’infrastructure sur le site de l’ancienne «Aarehütte». Un restaurant avec terrasse ouvert toute l’année et une buvette seront construits sur le côté ouest, des espaces pour des associations sportives et culturelles sur le côté est.

Pour plus d’informations (en allemand): Projet Löchligut-Worblaufen

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Vue aérienne de la rive droite de l’Aar au niveau du Löchligut. (Photo: Kästli AG)
La zone de l’Aar à Worblaufen avant les travaux, vue depuis le pont de Tiefenau en direction du Löchligut.

Quel avenir pour le projet Branche Ouest?  

L’organisation faîtière de projet «Espace Biel/Bienne.Nidau» (EBBN) a lancé une étude de mobilité globale pour définir un système de transport efficace et durable à l’ouest de Bienne. Il s’agit de déterminer la pertinence à long terme d’éléments infrastructurels, tels qu’un tunnel à Port et un tunnel par le Jura, mais aussi d’évaluer des solutions alternatives.

Le projet de la branche ouest du contournement de Bienne par l’autoroute A5 ne verra pas le jour. Tel était le résultat, il y a trois ans, d’un processus de dialogue intensif mené avec les partisans et les opposants au projet. La recherche de solutions pour un système de transport global durable et fonctionnel à l’ouest de Bienne continue depuis. L’organisation «Espace Biel/Bienne.Nidau» (EBBN) a été mise en place début janvier 2021. Elle regroupe, sous la houlette du maire de Bienne Erich Fehr, des représentant·es du canton, des villes de Bienne et de Nidau, des communes de Port, Brügg et Ipsach et de l’association seeland.Biel/Bienne. L’EBBN étudie notamment la mise en œuvre et le suivi des recommandations issues du rapport final élaboré par le groupe de dialogue.

Des mesures à court et moyen termes

Plusieurs mesures à court et moyen termes ont été intégrées aux projets d’agglomération et sont en cours de planification ou de réalisation. L’EBBN évalue notamment un concept global de circulation, d’exploitation et d’aménagement de l’axe Brüggmoos-Route de Neuchâtel. Une participation publique au projet «Rue de caractères» est en cours. (site Internet)

Où en sont les projets d’éléments infrastructurels?

La question de savoir comment pallier durablement la lacune du réseau des routes nationales à Bienne n’est pas encore résolue. La variante d’une tangente routière dans le Seeland a été examinée puis abandonnée, les solutions potentiellement réalisables se limitant au tracé nord de Bienne (tunnel du Jura). On évalue aussi dans quelle mesure l’aménagement d’un tunnel à Port (élément du projet de la branche ouest qui a été abandonné) pourrait contribuer à la mise en place à Bienne d’un système de transport efficace et durable. Il serait urgent d’agir, car ces questions en suspens freinent les planifications en cours et bloquent le développement d’autres sites.

Créer des bases solides par le biais d’une étude globale

L’étude de mobilité globale devrait permettre au canton et aux partenaires régionaux de clarifier ces questions en suspens. Dirigée par la région seeland.biel/bienne, cette étude vise un examen critique des solutions permettant de combler la lacune du réseau des routes nationales à Bienne. Il s’agit d’évaluer la pertinence d’un tunnel à Port et d’un tunnel par le Jura ainsi que leur contribution à un système de transport durable et efficace, mais aussi d’envisager d’autres solutions et mesures pour atteindre les objectifs fixés. Dans le sens d’une approche globale, l’étude ne tient pas seulement compte des transports et de la mobilité, elle prend aussi en considération d’autres aspects comme l’urbanisation et le paysage. L’idée est de privilégier une vision spatiale englobant les zones de la rive droite et de la rive gauche du lac de Bienne.

Résultats attendus en 2025

L’étude de mobilité globale débutera en 2024 et se terminera à l’été 2025. Les partenaires d’EBBN espèrent que les résultats permettront de clarifier la situation. L’objectif est de recueillir de premières pistes de solutions au cours de la première année et de les soumettre ensuite à une procédure de participation publique. Cette démarche devra permettre de savoir s’il existe un consensus régional pour les étapes ultérieures.

Les résultats de l’étude de mobilité globale seront intégrés plus tard dans les processus de planification des autorités fédérales, cantonales, régionales et communales ainsi que dans ceux des entreprises de transports publics.

Communiqué de presse concernant la séance du 7 décembre 2023 de la délégation des autorités

Informations complémentaires: www.espace-bbn.ch

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