Le changement climatique impacte aussi les routes cantonales

L’avenir nous réserve plus de canicules, des étés plus secs, mais avec des épisodes de fortes précipitations plus intenses, et des hivers plus humides, mais avec moins de neige. Dans un canton montagneux comme le canton de Berne, le réseau de routes cantonales est fortement affecté par le changement climatique. Les évènements météorologiques extrêmes auront des conséquences importantes, plaçant l’OPC devant de grands défis.
Depuis 1864, la température annuelle moyenne dans le canton de Berne a augmenté de 2 degrés Celsius, un chiffre nettement supérieur à l’augmentation globale. En effet, la Suisse étant située à l’intérieur des terres, elle ne profite pas de l’effet refroidissant des océans. En outre, la fonte des glaciers et des névés y entraîne une baisse de la réflexion du rayonnement solaire. Les prévisions tablent sur une augmentation supplémentaire de 2,5 degrés d’ici à 2060 si les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat, inscrits dans la constitution cantonale, ne sont pas atteints. Les températures dans le canton augmenteront nettement en été et en hiver, provoquant une hausse de la chaleur et de la sécheresse. Les précipitations devraient diminuer en été et augmenter en hiver. L’intensité des épisodes pluvieux augmentera, puisqu’une atmosphère plus chaude peut contenir plus d’humidité. Avec le recul des glaciers et la sécheresse des sols, les précipitations peuvent moins facilement être absorbées et provoquent un ruissellement. «Nous serons plus vulnérables», explique Markus Wyss, ingénieur en chef de l’AIC I. Il complète: «Ces changements climatiques feront augmenter la probabilité d’évènements naturels comme les laves torrentielles et les inondations, qui mettront en danger nos infrastructures de routes cantonales.»
Le risque sur les routes cantonales est-il acceptable?
Le nombre croissant d’évènements météorologiques extrêmes constitue un sérieux danger pour les routes cantonales, essentielles pour relier régions et communes. Les vallées de l’Oberland bernois sont particulièrement touchées: il n’existe souvent pas d’autre solution routière efficace pouvant remplacer les routes cantonales. Les laves torrentielles et les inondations peuvent survenir à tout moment, causer des dommages importants et couper des liaisons routières. Des modifications visant à protéger les usagères et usagers de la route et les infrastructures sont déjà mises en place actuellement dans le cadre des travaux d’entretien ordinaires et d’aménagement de routes (p. ex. mesures de protection contre les chutes de pierre, ouvrages de protection/forêts protectrices contre les avalanches ou mesures de surveillance et d’intervention dans les zones à risque). Il reste néanmoins un risque résiduel selon Markus Wyss: «Une protection parfaite pour l’être humain et les infrastructures est impossible, malgré tous nos efforts.»

Que pouvons-nous faire?
Différentes options s’offrent à nous pour garantir la sécurité et le bon fonctionnement des routes cantonales. Il convient à la fois de suivre l’évolution des dangers naturels et d’identifier les nouvelles zones de danger. Les avalanches sont saisies dans le cadastre cantonal des évènements depuis les années 1960 et les crues et mouvements du sol, depuis les années 1990. L’OPC gère également un cadastre des instabilités le long des routes cantonales. Des études approfondies sur le retrait des glaciers et la fonte du pergélisol permettent d’identifier de nouvelles zones de danger. Celles-ci sont surveillées de près: dans le canton de Berne, plus de 150 systèmes de surveillance sont exploités le long des routes nationales et cantonales. «Les mesures organisationnelles et les ouvrages de protection, qui doivent être entretenus tout comme les forêts protectrices, ne suffisent pas. Les installations routières, en particulier les ponts, sont si nécessaire transformées dans le cadre du maintien de la valeur et de l’aménagement des routes cantonales. Les ponts enjambant un cours d’eau doivent ainsi souvent être redimensionnés voire remplacés afin d’éviter que des débits plus importants et des laves torrentielles n’endommagent les routes et leurs environs», indique Markus Wyss.

À quoi pouvons-nous nous attendre financièrement?
Les mesures de protection des infrastructures des routes cantonales occasionnent des coûts considérables. Rien que pour les 500 km de routes cantonales de l’Oberland bernois, comprenant quelque 500 ponts, plus de 1000 conduites souterraines et 38 tunnels et galeries, le besoin financier pour les mesures de protection et la transformation des routes cantonales est estimé entre 5 et 10 millions de francs par an. Les coûts de surveillance, de planification d’urgence, de déblayage, de réparation et de remise en état après des évènements atteignent entre 2 et 5 millions de francs. En tant que propriétaire des routes, le canton doit assumer ces charges seul. Cela deviendra probablement un défi financier important pour tous les arrondissements d’ingénieur en chef, et ce pas uniquement dans l’Oberland bernois.
Que nous réserve l’avenir?
L’intensité et le nombre d’évènements extrêmes augmentera. Il ne sera pas possible de prévoir où, quand et sous quelle forme un évènement surviendra. Les routes cantonales de l’Oberland bernois ne sont pas les seules à risque. Des laves torrentielles et des glissements de terrain se produisent aussi dans les Préalpes et l’Emmental. Dans le Mittelland et le Seeland, des crues peuvent causer des inondations sur les routes. Dans le Jura bernois, les routes cantonales devraient être un peu moins exposées. Afin de garantir à long terme la sécurité et le bon fonctionnement de nos routes cantonales, il faut surveiller les infrastructures partout et les adapter aux risques existants. Mais il est aussi important de pouvoir rétablir au moins provisoirement le trafic sur les routes cantonales coupées après un évènement naturel. Afin de pouvoir agir rapidement, l’OPC a défini des processus, responsabilités et compétences à l’interne. Ces mesures organisationnelles sont décisives pour faire face aux défis à venir et limiter l’impact des dangers naturels sur les routes, la société et l’économie.

Comment le changement climatique se répercute-t-il sur le personnel de l’entretien des routes?
Comme le personnel de chantier, les collaboratrices et collaborateurs de l’entretien des routes souffrent de la chaleur croissante. En tant qu’employeur, l’OPC doit protéger leur santé. Aujourd’hui déjà, certaines Inspections des routes font débuter le travail plus tôt en été afin d’éviter la chaleur intense de la fin d’après-midi. L’OPC fournit également des vêtements adaptés, des boissons et des véhicules climatisés. D’autres mesures seront certainement prises ces prochaines années.
Le Spreitgraben: une zone exposée au risque de lave torrentielle

Depuis 2009, plusieurs chutes de rochers suivies de laves torrentielles se sont produites dans le Spreitgraben à Guttannen am Ritzlihorn. La fonte du pergélisol qui maintenait la montagne en est la cause. Depuis, plus d’un million de mètres cube de matériaux ont été charriés dans l’Aar depuis le Spreitgraben, surélevant le lit de la rivière de 20 m. Le fond du Spreitgraben s’est également élevé; il a donc fallu renforcer la galerie souterraine de la route cantonale qui le traverse. L’ouvrage ne pouvait plus faire face à long terme à la charge de plus en plus importante. Les prévisions des géologues indiquent en outre que les laves torrentielles pourraient sortir du fossé. Il est donc nécessaire de prolonger la galerie d’environ 100 mètres. Maintenant que les crédits d’étude de projet nécessaires ont été approuvés, l’OPC travaille sur les projets de sécurisation de la liaison routière menant à Guttannen, au col du Grimsel ainsi qu’aux centrales électriques et aux ouvrages de retenue de KWO.
Sur les pas d'une géologue
Dans de nombreuses zones de montagne, le changement climatique augmente l’instabilité géologique. Visite sur place avec une spécialiste.

«Les conséquences du changement climatique peuvent causer des dommages aux infrastructures routières partout dans le canton»

Mirjam Dürst Stucki, responsable Exploitation et entretien des routes cantonales à l’AIC I de l’OPC, et Nils Hählen, responsable de la division Dangers naturels de l’Office des forêts et des dangers naturels (OFDN), nous parlent de l’impact du changement climatique sur les routes cantonales et de ce que nous pouvons faire pour le contrer.



Quels impacts du changement climatique avez-vous concrètement observés ces dernières années dans le cadre de votre travail?
Nils Hählen: Dans tout le canton, nous constatons que les événements gagnent en intensité et deviennent plus fréquents. En haute montagne, ils prennent des proportions inégalées. Le plus grand défi pour nous, c’est de gérer leur cumul: la rupture d’un lac glaciaire peut par exemple entraîner des crues.
Mirjam Dürst Stucki: Au quotidien, ce sont les interventions non planifiables requises dans de telles situations qui nous prennent le plus de temps, que ce soit pour la gestion de l’événement ou les travaux de remise en état consécutifs. Avant, c’était moins le cas. En outre, les conditions climatiques extrêmes se multiplient même en hiver, ce qui peut provoquer des avalanches, des crues ou des glissements de terrain.
Nils Hählen: Au cours des hivers 2018 et 2021, des avalanches et des crues ont eu lieu de manière très rapprochée, ce qui n’arrivait jamais dans le passé: il existait une distinction nette entre les événements d’hiver et d’été. Aujourd’hui, ces événements se chevauchent. Nous avons donc affaire à des processus et des défis complètements différents.
Comment l’OPC et l’OFDN collaborent-ils pour contrer les effets du changement climatique? Avez-vous un exemple concret de collaboration réussie?
Mirjam Dürst Stucki: Nous travaillons en étroite collaboration sur les éboulements survenus près du Spitzer Stein et sur les coulées de boue qui en ont résulté à Kandersteg. L’OFDN se concentre sur les éboulements, tandis que l’OPC est chargé de l’aménagement des eaux et des mesures de protection contre les coulées de boue.
Nils Hählen: Nous nous contactons très régulièrement. Nous travaillons notamment sur une carte des dangers pour les communes et sur la mise à jour du cadastre des événements naturels. En collaborant au quotidien, nous garantissons une bonne coordination en cas d’événement.
Mirjam Dürst Stucki: L’OFDN nous aide à garantir la sécurité sur les routes cantonales, notamment lors de la planification de l’entretien des ouvrages de protection et des forêts protectrices. Ces travaux ont gagné en importance avec la modification des risques due au changement climatique et à la multiplication des événements.
Quelles sont les régions les plus touchées dans le canton de Berne?
Mirjam Dürst Stucki: Les conséquences du changement climatique, telles que la chaleur, les fortes précipitations ou la sécheresse, peuvent causer des dommages aux infrastructures routières partout dans le canton. En zone montagneuse, ces changements entraînent principalement des glissements de terrain, des coulées de boue, des chutes de pierres et des éboulements. Dans le Mittelland et les grandes vallées, nous avons surtout des problèmes d’inondation et de ruissellement de surface.
Nils Hählen: Dans le Mittelland, ces événements entraînent des nuisances la plupart du temps passagères. En zone alpine, les conséquences sont plus graves et peuvent engendrer une modification du paysage, ce qui nous place devant d’énormes défis.
Le risque pour les routes cantonales est-il donc moins élevé en dehors des zones alpines?
Mirjam Dürst Stucki: Je dirais plutôt que les défis sont différents. Il est important de connaître l’impact de la fermeture d’une route sur la population, son ravitaillement et son accès aux soins. Dans le Mitteland, on peut en général mettre en place des déviations lorsqu’une route est fermée. Dans l’Oberland, les conséquences d’une fermeture de route sont bien plus importantes.
Nils Hählen: Dans la région Mitteland, nous avons donc de plus nombreux défis à relever. Dans les zones alpines, ils sont moins nombreux mais ont des conséquences bien plus sévères.
Comment peut-on rendre les infrastructures des routes cantonales plus résilientes?
Mirjam Dürst Stucki: Nous devons changer d’approche dans le domaine de la construction et planifier en anticipant les besoins. Construire de manière respectueuse pour le climat, cela signifie notamment prévoir des conduites souterraines ou des éléments de drainage plus grands. Depuis les crues d’août 2005, qui avaient provoqué l’affouillement des fondations de plusieurs ponts, nous avons changé nos méthodes de construction, notamment pour la culée et les piliers. Nous espérons améliorer ainsi la robustesse de nos ouvrages et garantir que nos routes soient de nouveau praticables rapidement en cas d’événement.
Quel impact les événements climatiques extrêmes tels que les fortes pluies et les vagues de chaleur ont-ils sur les routes cantonales?
Mirjam Dürst Stucki: Les fortes pluies peuvent entraîner des embâcles au niveau des ponts, des glissements de talus ou encore des lessivages et des sapements des accotements. La chaleur peut ramollir le revêtement routier et endommager la chaussée.
Nils Hählen: Le changement climatique a également des effets plus insidieux: certaines essences d’arbres, par exemple, ne survivront pas aux nouvelles conditions climatiques. Les hêtres, très répandus dans le Mittelland, vont souffrir des épisodes de sécheresse récurrents et pourraient même disparaître, surtout dans les zones sèches. À l’avenir, il faudra donc procéder à davantage d’élagages et d’abattages de sécurité le long des routes, jusqu’à ce que la composition des essences s’adapte au nouveau climat.
Comment les communes et la population peuvent-elles contribuer à minimiser les risques?
Nils Hählen: Il en va de la responsabilité individuelle de chacune et chacun d’entre nous. En tant qu’individus, nous pouvons avoir une grande influence sur les conséquences d’un événement: souscrire une assurance offrant un niveau de protection suffisant, prévoir des provisions domestiques, protéger ses biens, conserver ses affaires de valeur en lieu sûr (pas dans la cave) et utiliser les mesures de protection mobiles existantes. L’assurance immobilière offre un soutien pour les mesures de prévention mises en place dans les bâtiments.
Mirjam Dürst Stucki: Tout le monde doit y mettre du sien. Une sensibilisation à tous les niveaux est essentielle.
Nils Hählen: La sécurité absolue étant impossible, il faut aussi accepter davantage de restrictions. En outre, l’aménagement du territoire doit être axé sur l’avenir, en évitant les zones dangereuses et en mettant systématiquement en œuvre les mesures de protection des objets. Les mesures visant à réduire la chaleur gagnent en importance en milieu bâti. Par ailleurs, il faut renforcer les ouvrages de protection contre les risques naturels et investir dans l’entretien des forêts protectrices. La Suisse est si bien protégée aujourd’hui qu’une majorité de la population est devenue moins consciente des risques. Et pourtant, ils font bien partie de notre quotidien.
Comment faire en sorte que les infrastructures des routes cantonales soient durables et robustes face aux aléas climatiques?
Mirjam Dürst Stucki: Il est essentiel d’anticiper les risques liés au changement climatique lors de la planification des réfections et des nouvelles constructions. Ce principe doit être ancré chez toutes les parties prenantes. Nos ressources financières limitées ne nous permettent pas de protéger parfaitement nos 2000 km de routes cantonales et de les rendre complètement résistantes aux aléas climatiques. Nous devons agir là où le risque pour la route cantonale est le plus élevé ou là où des tiers peuvent être mis en danger.

Assurer la sécurité du trafic: réfection de la N16 Bienne–La Heutte

La route nationale N16 relie Bienne au Jura bernois et constitue un axe de circulation important. L’Office fédéral des routes (OFROU) procède à une réfection complète du tronçon entre La Heutte et Bienne-Nord. Afin de perturber le trafic le moins possible, les travaux seront réalisés en plusieurs étapes. L’OPC joue un rôle central en garantissant la sécurité du trafic pendant la durée des travaux.
En venant de Bienne, la route nationale N16 bifurque de l’A5 aux Champs-de-Boujean et mène d’abord à La Heutte, puis à Tavannes, en tant que route nationale de troisième classe pouvant également être empruntée par des vélos et des tracteurs. L’Office fédéral des routes (OFROU) rénove le tronçon de près de 7 km entre la jonction de La Heutte et Bienne-Nord (Gorges du Taubenloch) en deux sections distinctes, car les voies de circulation directionnelles sont séparées. Dans le cadre du projet partiel 2 de la réfection, la voie montante sera rénovée entre 2025 et 2027 sans interruption du trafic et de nouveaux locaux techniques seront créés pour les tunnels.
Travaux anticipés en 2025
Les travaux représentent un défi particulier: ils doivent être réalisés de manière aussi concentrée que possible afin de réduire au maximum la phase de circulation en sens inverse sur la voie descendante C’est pourquoi les travaux suivants seront déjà réalisés cette année dans le cadre d’une phase de construction anticipée:
- Dans le secteur de la zone industrielle de Péry, deux ponts et deux giratoires seront aménagés
- Un passage souterrain pour la mobilité douce sera aménagé à l’entrée sud des Gorges du Taubenloch. Pendant les travaux, la circulation sera déviée par un pont provisoire.
- Près de Frinvillier, des filets de protection contre les chutes de pierres seront ancrés dans la roche au-dessus des voies CFF lors de travaux nocturnes.


Important soutien de l’OPC pour la réfection
Stéphane Panettieri, responsable de l’exploitation de l’A16 au sein de la section Routes nationales Exploitation de l’OPC, s’occupe avec son équipe de l’entretien courant et des travaux mineurs de gros entretien sur l’A16 entre Bienne et Court. En collaboration avec l’OFROU et la police cantonale, ils se chargent de la signalisation des chantiers et de la fermeture des routes, garantissant ainsi la sécurité du trafic.
Lors des travaux anticipés de cette année, la voie montante sera seulement rétrécie; une fermeture sera nécessaire lors de sa rénovation totale, qui aura lieu ultérieurement. La circulation se fera alors en bidirectionnel sur la voie descendante.

Une année pleine de défis pour l’équipe d’exploitation des routes nationales
Pour Stéphane Panettieri et son équipe, l’année s’annonce pleine de défis. «Depuis début mars, nous intervenons plusieurs fois par semaine pour procéder à des fermetures de routes et à des déviations en raison des travaux. Les restrictions de circulation doivent être aussi courtes que possible, ce qui implique pour nous une planification intensive et davantage d’interventions, bien plus que pour une fermeture totale», explique-t-il. «Je suis fier de mon équipe, qui est très efficace et polyvalente». Il n’est pas facile de concilier les fréquentes interventions de nuit qu’implique le chantier avec le programme de travail normal et le personnel disponible de la section Routes nationales Exploitation. «Cela n’est possible que grâce à la flexibilité de notre équipe», conclut-il.

Réaménagement du réseau routier de Laupen: traversée du bourg

Laupen fait peau neuve, et ce à plusieurs niveaux. Dans le cadre du projet de réaménagement du réseau routier et de développement urbain de Laupen, qui s’étale sur plusieurs années, les infrastructures ferroviaires et routières seront adaptées et la protection contre les crues renforcée. Le réaménagement en cours de la traversée du bourg de Laupen constitue un véritable chantier «à cœur ouvert». L’espace routier va être transformé et toutes les conduites remplacées.
Le projet a débuté en 2010 dans le but de régler les problèmes de trafic dans la localité de Laupen et de combler les lacunes de protection contre les crues. Pour cela, le canton, la commune de Laupen et la Sensetalbahn (aujourd’hui les CFF) ont formé un groupement de maîtres d’œuvre et mis sur pied un projet commun. «Comme les sous-projets pour les chemins de fer, les routes, les ponts et l’aménagement des eaux sont imbriqués et interdépendants, il était important de réaliser ensemble les procédures d’approbation de plans et d’obtenir simultanément l’accord pour tous les sous-projets», souligne Lorenz Schneider, chef de projet Construction des routes à l’arrondissement d’ingénieur en chef II. Il a repris le sous-projet cantonal de construction de routes/de ponts en 2021 après le départ à la retraite de son prédécesseur. Entre-temps, la gare a été déplacée de 250 mètres vers l’extérieur du bourg et le passage à niveau près du pont de la Singine a été supprimé. Au printemps 2023, les travaux de protection contre les crues et de revitalisation des eaux de la Singine ont débuté et les routes de contournement temporaires ont été achevées. Le contournement ouest avec un pont sur la Singine ainsi que le contournement du bourg ont été mis en service à l’automne 2024 après environ un an et demi de travaux. Depuis novembre 2024, les travaux se concentrent sur le noyau du projet: la réfection de la traversée du bourg.
Réfection globale dans le bourg
Les travaux dans le cœur de Laupen sont prévus de novembre 2024 à juillet 2025. L’espace étant limité, le trafic est dévié via le contournement du bourg, mais les piétonnes et piétons peuvent encore accéder au centre. «La situation à Laupen est particulière: il s’agit d’un site historique important et classé», explique Lorenz Schneider. Les mesures de réfection sont donc plus importantes que d’habitude. Non seulement la chaussée sera rénovée et dotée d’un revêtement phonoabsorbant, mais le pavage historique sera remplacé et uniformisé sur toute la largeur (de maison à maison). Des trottoirs continus seront créés, qui seront délimités par des bordures en pierres aplaties de 40 cm de large. La traversée du bourg sera ainsi plus sûre et accessible pour le trafic cycliste et piétonnier.

La nouvelle zone 30 permettra de réduire le bruit et de tenir compte de l’espace limité à disposition. La chaussée pourra aussi être réduite en grande partie à une largeur de 6 mètres, ce qui favorise le trafic piétonnier et rend l’espace de séjour plus accueillant. Il n’y aura plus que deux passages piétons au lieu des sept existants, car la traversée sera désormais possible partout, mais sans priorité pour les piétons et piétonnes. Les travaux comprennent aussi le renouvellement total de l’éclairage public. Afin d’améliorer la fluidité du trafic, un nouveau giratoire sera créé au croisement Neuengasse / Neueneggstrasse / Bösingenstrasse. Afin de compenser le prolongement du trajet jusqu’à la nouvelle gare, un arrêt de bus sera créé sur la Bärenplatz. La réfection concerne aussi le sous-sol. Les canalisations vétustes seront transformées en un système séparatif complet. Les eaux de toiture et de chaussée seront ainsi évacuées séparément des eaux usées et l’alimentation en électricité et en eau potable sera modernisée.

Communication à large échelle
Pendant les quatre premiers mois, les travaux ont été effectués de tôt le matin à tard le soir par deux équipes se relayant, ce qui a causé des nuisances sonores considérables pour la population riveraine. Désormais, les travaux ont lieu aux horaires ordinaires. Des mesures de communication globales (site Internet dédié, newsletter, brochures, annonces dans la presse, panneaux d’affichage, séances d’information) permettent d’informer la population. Une mascotte nommée «Pflastiloupegaffer» a été créée pour apporter une touche d’humour à la communication sur les réseaux sociaux. Lorenz Schneider estime que cette communication active est une des raisons pour lesquelles les réactions aux travaux ont été jusqu’à présent majoritairement positives. Seuls les commerces locaux sont touchés par une baisse de la fréquentation.
Les travaux continuent
Une fois la réfection de la traversée du bourg terminée, le second élément clé du projet débutera en août 2025: la construction du nouveau pont sur la Singine. Le dernier tronçon du contournement ouest devrait être déconstruit fin 2028, mettant un terme au projet. Le crédit de réalisation approuvé pour les sous-projets cantonaux s’élève à 28,4 millions de francs. Lorenz Schneider est enthousiasmé par ce projet: «La combinaison des différents domaines de construction (routes, conduites, aménagement des eaux, ponts) dans un espace restreint en fait un projet unique et permettra à Laupen de faire peau neuve et de rester un site attractif dans les décennies à venir.»

En savoir plus

Protection contre les crues dans la vallée de la Chise: un projet commun de longue date
La protection contre les crues dans la vallée de la Chise est le résultat de décennies d’efforts engagés pour protéger la population et les infrastructures contre les crues répétées de la Chise. Si quelques mesures ont pu être mises en œuvre avec succès, la situation dans le secteur du Hünigenmoos à Konolfingen est longtemps restée dans l’impasse. Un concept de protection complet et bénéficiant d’un large soutien a désormais pu être développé en l’espace d’une année dans le cadre d’un dialogue participatif sur les risques mené par l’OPC avec tous les groupes intéressés.

Dans les années 1990, de nouvelles études ont été publiées, mais n’ont pas abouti en raison d’intérêts divergents et d’oppositions émanant de la population.
Entre 2000 et 2003, un premier concept de protection contre les crues complet a été élaboré pour la Chise sous la direction de l’Office cantonal des ponts et chaussées, qui a depuis servi de base pour tous les projets de construction dans la zone définie. Une partie du concept a déjà été mise en œuvre avec la réalisation du bassin de rétention des crues Groggenmoos au-dessus de Zäziwil. «Les plans d’aménagement des eaux pour les localités de Konolfingen et Kiesen ont finalement été approuvés en automne 2024», précise Adrian Fahrni, chef de projet Aménagement des eaux à l’AIC II.
Ces plans ne sont toutefois pas suffisants pour protéger efficacement les zones bâties de Konolfingen et la vallée inférieure de la Chise contre les crues. Le bassin de rétention dans le Hünigenmoos devait combler ces lacunes, mais il s’est heurté à une forte opposition. Adrian Fahrni explique que d’importants défis techniques se sont en outre présentés, ce qui a conduit à la suspension de la planification en cours.
Vers un risque accepté
En 2023, l’Office des ponts et chaussées a entrepris un nouveau départ en lançant un dialogue sur les risques à Konolfingen, sous la devise «En route vers un risque acceptable».
Une quarantaine de personnes ont participé activement à quatre ateliers qui ont eu lieu entre janvier et décembre 2024. L’objectif était de réunir autour d’une table tous les groupes d’intérêts afin de les sensibiliser aux risques de crues et aux conséquences possibles pour le territoire communal, de trouver un accord concernant les risques acceptables et de convenir d’autres mesures de réduction des risques.
Parmi les personnes impliquées figuraient non seulement des représentantes et représentants des parties, mais aussi des propriétaires, des agricultrices et agriculteurs, des artisanes et artisans ainsi que d’autres personnes intéressées. Tout au long du processus, les personnes impliquées ont été accompagnées par une équipe de direction. Chaque mesure a été discutée et examinée au sein des groupes d’intérêts. Le chef de projet Adrian Fahrni qualifie ce processus de parfait exemple démocratique, où les décisions les plus importantes ont été prises en commun. «C’est grâce à ces véritables dialogues que nous pouvons enfin faire avancer la protection contre les crues et œuvrer en faveur d’un risque acceptable pour tout le monde.»
Idée de projet
Les différentes mesures prévues dans le bref descriptif de l’idée de projet sont les suivantes:
- Déplacement du Mülibach (agrandissement de la section d’écoulement)
- Aménagement de la Chise pour doubler la capacité d’écoulement (deux variantes)
a) Le long de la route cantonale
b) Déplacement dans le point bas du terrain
- Entretien des eaux selon le concept d’entretien des eaux remanié
- Bassin de rétention dans le Hünigenmoos prévu pour une crue trentennale dans la zone habitée de Konolfingen
a) Bassin de rétention
b) Zones inondables selon la loi sur l’aménagement des cours d’eau
- Mesures de protection des bâtiments (p. ex. constructions sensibles)
- Augmentation de la capacité d’écoulement de l’Hünigenbach et du cours inférieur du canal industriel
- Délestage du Hünigenbach
Le résultat du dialogue sur les risques va maintenant être développé par le syndicat d’aménagement des eaux de la Chise. Des séances de participation sont également prévues dans le cadre de l’élaboration du plan d’aménagement des eaux.

Importance du projet
Le chef de projet est satisfait du processus et du résultat. «La mise en œuvre des mesures prévues protégera la région à long terme des conséquences des crues et garantira la qualité de vie de la population.» Par ailleurs, le projet de la vallée de la Chise constitue un véritable modèle de planification durable et de mise en œuvre participative.